mardi 28 février 2012

Pour changer…



Lectrice compulsive (je lis les paquets de corn flakes sur la table du petit déj', c'est dire), je ne parle presque jamais de mes lectures sur ce blog, ça n'est pas l'endroit idéal… Je fais une exception pour ce livre car je pense, après l'avoir terminé, qu'il va rejoindre ma bibliothèque d'inspirations diverses !
De 1860 à 1902, le journal "La Mode illustrée" possède une rubrique appelée les "renseignements", qui est en fait un courrier des lectrices. La rédactrice en chef de cette publication, Emmeline Raymond, s'occupe également de répondre aux nombreux courriers, si nombreux qu'ils finissent par déborder (l'endiguement). Elle décide alors, pour ménager l'espace disponible du journal de ne plus répondre aux courriers que par une phrase ou deux et surtout, de ne publier que la réponse à la question posée, celle-ci n'étant présente que par le n° d'abonné. C'est là que ça devient vraiment intéressant : le résultat, étrange, poétique et drôle, est un bijou de non-sens, dont voici quelques perles :
-N°38678, Puy-de-Dôme : L'été n'est pas l'hiver et la campagne n'est pas la ville
-N°100126, Nord : Faire couper la queue de la robe
-N°21888, Drôme : Je n'ai jamais ouï parler de l'influence des boucles d'oreilles sur le sens de la vue
-N°159800 : À quoi servirait cette répétition, et pourquoi une seconde affirmation mériterait-elle plus de confiance que la première ?
-N°114222, Cher : Rien ne s'oppose à la garniture de cygne.
Et, pour corser encore la chose, lorsqu'il y a plusieurs demandes dans la lettre, Emmeline répond aux différentes questions en séparant ses réponses par un point :
-N°94182, Alsace : Après avoir mis ses gants. On se contente de remercier. Peut-être mais plus tard.
C'est beau comme du Radio-Londres, non ?
En plus, le style lapidaire qu'exige la brièveté des réponses est d'autant plus sec quand Emmeline (qui n'a pas l'air commode) n'est pas contente :
N°131847, Suisse : J'ai le regret de n'avoir pu déchiffrer une lettre écrite en caractères microscopiques sur du papier pelure.
Faut pas la chauffer Emmeline…
Bref, j'ai adoré ce livre et je salue le patient travail de Fabienne Yvert qui a lu, trié et compulsé toutes ces annonces.


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